À l’ère du tout-connecté, rechercher et adopter un chien n’a jamais été aussi accessible. Quelques clics, une annonce séduisante, la photo craquante d’un chiot… et le rêve semble à portée de main, sans bouger de son canapé. Mais derrière cette facilité trompeuse, adopter un chien via Internet expose à d’importants risques, bien réels eux. Parfois difficiles à anticiper, souvent lourds de conséquences, ils ne concernent pas seulement le portefeuille, mais aussi la santé du chien, l’équilibre de la famille, voire le cœur lui-même.
Le phénomène est massif : en France, près de 68 % des adoptions de chiots passent aujourd’hui par des annonces en ligne (Centrale Canine, 2023), qu’il s’agisse de particuliers sur Leboncoin, de professionnels sur des plateformes spécialisées, d’associations ou… d’intermédiaires peu scrupuleux. Pourtant, la réalité derrière l’écran est parfois bien éloignée de la belle histoire annoncée.
L’adoption d’un animal via Internet, sans possibilité de visiter le lieu d’élevage ou d’observer les conditions de vie, expose à de graves problèmes vétérinaires. Cela concerne tout autant la santé immédiate du chien que celle du foyer adoptant.
Chez l’éleveur ou le refuge, la socialisation du chiot, entre 3 et 12 semaines, est cruciale. Beaucoup d’animaux vendus sur Internet ont grandi sans stimulation ni contact humain, dans des boxes ou cages insalubres, privés d'expérience essentielle. Les conséquences sont souvent lourdes :
Un animal « acheté » sur une photo risque de ne pas correspondre à ce que la famille est prête à accueillir (besoins physiques, tempérament, taille adulte souvent sous-estimée, etc.). Ce décalage est responsable d’une part importante des abandons : la SPA estime qu’environ 40 % des chiens abandonnés chaque année en France sont issus d’achats impulsifs, majoritairement via Internet (SPA Baromètre 2022). Les refuges croulent sous les chiens « invendables » aux troubles comportementaux marqués, issus de ce circuit opaque.
Entre textes de loi, pratiques hors la loi, et contrôles difficiles à massifier, l’acquéreur reste en grande partie responsable et doit être plus vigilant que jamais.
Tout va très vite. L’attrait de “l’exclusivité”, du prix coup de poing, du chiot “à réserver d’urgence”, joue sur les émotions. Or, un achat animalier impulsif est l’un des principaux facteurs d’échec relationnel, d’abandon, de souffrance pour l’adoptant comme pour le chien.
Si l’on sent une pression à la rapidité, un refus de montrer l’animal dans son environnement, ou une logique strictement commerciale, il faut passer son chemin.
L’adoption d’un chien en ligne, séduisante sur le papier, est traversée de pièges multiples : escroqueries, traumatismes psychiques, problèmes sanitaires durables. Mais elle peut aussi permettre à de formidables compagnons de croiser notre route... à condition d’en faire un véritable projet de vie, pas un achat rapide.
Face à la magie trompeuse du clic, il faut s’accorder du temps. Chercher, comprendre, rencontrer. S’informer sur les pratiques légales, s’entourer, ne pas croire aux miracles… Toutes ces démarches, loin de complexifier l’adoption, permettent, au contraire, de tisser, dès le départ, un lien de confiance et de respect avec le futur compagnon. Car choisir d’accueillir un chien, ce n’est jamais banal : c’est l’histoire d’une vie qui commence, bien plus riche que n’importe quelle promesse vendeur en ligne.
Sources :