Depuis une dizaine d’années, l’adoption de chiens venus d’autres pays a pris une ampleur inédite en France. D’après l’association Fondation 30 Millions d’Amis, 8 000 à 10 000 chiens originaires de Roumanie, d’Espagne ou encore du Maroc rejoignent chaque année des familles françaises (chiffres 2022). La formule est séduisante : sauver un animal d’un refuge surpeuplé, échapper à la misère des rues, et ressentir la satisfaction d’avoir offert une seconde chance. Mais derrière l’élan du cœur, la réalité demande parfois un peu plus de réflexion.
Est-ce si vertueux d’adopter au-delà des frontières ? Y a-t-il des risques pour le nouvel arrivant (et ses adoptants) ? Quelles démarches concrètes prévoir ? Explorons les aspects essentiels avant de se lancer dans l’adoption internationale.
Il suffit de parcourir les sites d’annonce ou les groupes Facebook pour tomber en quelques clics sur des dizaines de chiens disponibles à l’adoption, prêts à voyager… voire déjà en transit vers l’Hexagone.
Loin d’être une « mode », l’adoption à l’étranger peut répondre à une vraie logique solidaire et humaine :
Mais adopter loin de chez soi suppose de garder la tête froide : il ne s’agit pas d’un simple « sauvetage » ponctuel, mais d’un engagement de 10 à 15 ans.
Un chien élevé dans la rue, victime de traumatismes ou habitué à la survie, n’a pas la même « grille de lecture » qu’un chiot socialisé dans un foyer. Parmi les difficultés fréquemment rencontrées :
Selon une enquête réalisée par la SPA, près de 30% des chiens importés font l’objet d’un accompagnement comportemental la première année, contre 15% pour les chiens issus de refuges français.
Éloignez l’idée d’une adoption « clic & rapatriement ». L’adoption à l’étranger nécessite :
Avant de craquer devant une photo ou une vidéo, il est précieux de s’arrêter sur les questions suivantes :
Beaucoup d’adoptants témoignent d’un vrai parcours du combattant la première année : la phase de « lune de miel » laisse souvent place à l’arrivée de difficultés, et sans accompagnement, la relation peut vite se tendre.
Chaque chien porte son histoire comme un sac à dos : certains arrivent légers, d’autres bien chargés. Pour leur offrir les meilleures chances d’intégration :
C’est une question souvent posée, et les débats sont parfois houleux. Selon La SPA, la France héberge encore, chaque année, près de 100 000 animaux abandonnés, dont 60 000 chiens. Adopter en France reste donc tout aussi vertueux et nécessaire. Plusieurs refuges rappellent toutefois qu’aucune adoption — ici ou ailleurs — ne doit être jugée, tant qu’elle est réfléchie et responsable.
Néanmoins, cela ouvre une autre réflexion : adopter un chien loin de chez soi ne résout pas la racine du problème — la surpopulation canine. De nombreuses associations à l’international travaillent à des campagnes de stérilisation, de vaccination, de réinsertion sociale, afin d’endiguer le phénomène plutôt que de le déplacer véhicule par véhicule.
Face à la multiplication des adoptions internationales, certains pays de l’Union européenne (Pays-Bas, Allemagne) ont renforcé leurs contrôles ou durci la réglementation pour éviter l’importation non maîtrisée de chiens porteurs de maladies ou victimes de trafics. L’Union européenne travaille sur des protocoles communs et encourage le développement de programmes locaux de gestion animale.
Les initiatives pour soutenir la cause canine, que ce soit ici ou là-bas, ne manquent pas : soutien aux refuges français, aide aux campagnes de stérilisation, promotion de l’éducation et du vivre-ensemble, accompagnement post-adoption. Le plus important reste de s’engager avec lucidité, détermination et bienveillance — pour offrir à chaque chien la vie équilibrée qu’il mérite, quelle que soit sa terre d’origine.