Pourquoi tant de chiens attendent une nouvelle chance en refuge ?

Chaque année, selon la Fondation 30 Millions d’Amis, on recense entre 100 000 et 120 000 animaux abandonnés en France, dont une majorité de chiens (source : 30 Millions d'Amis). Rien qu’en période estivale, près de 60 000 abandons ont lieu, posant un défi colossal pour les refuges, principalement la SPA et les associations indépendantes.

Les causes de ces abandons ? Elles varient mais on retrouve souvent :

  • Des déménagements imposant des restrictions (logement refusant les animaux, changement de situation professionnelle...)
  • Une adoption impulsive, sans préparation suffisante, ni compréhension des besoins réels du chien
  • Des séparations, décès ou difficultés financières touchant la famille
  • L’arrivée d’un enfant, obligeant certains à réévaluer la gestion des animaux
  • Certains troubles du comportement mal compris ou mal gérés, menant à un sentiment d’impuissance

Derrière chaque chien abandonné, il y a une histoire. Adopter en refuge, c’est offrir une seconde vie à l’un d’entre eux — mais c’est aussi un engagement exigeant, où chaque détail compte.

Quels sont les avantages concrets d’une adoption en refuge ou à la SPA ?

L’image de “la bonne action” colle souvent à l’adoption en refuge, mais ses bénéfices dépassent largement la seule dimension morale :

  • Des chiens sociabilisés, souvent déjà éduqués : Contrairement à certaines croyances, la majorité des chiens en refuge sont passés par un bilan sanitaire et comportemental. Beaucoup connaissent la vie en famille, la propreté ou la marche en laisse.
  • Un accompagnement personnalisé : Les refuges (comme la SPA ou la Fondation Brigitte Bardot) proposent généralement un entretien et des conseils adaptés, pour trouver le chien qui conviendra à votre style de vie, et vous guider lors de la période d’adaptation.
  • Un choix diversifié de races, tailles et âges : On croit parfois à tort que les refuges n’accueillent que des chiens “croisés” ou âgés. Or, jusqu’à 35% des chiens abandonnés sont des chiens dits “de race” (Le Figaro), et l’on trouve également des chiots ou des jeunes adultes.
  • Une adoption responsable et accessible : Les frais d’adoption sont généralement plus faibles qu’en élevage (entre 150 et 300 € en moyenne), couvrant l’identification, les vaccins, la stérilisation et parfois même une visite vétérinaire de suivi.
  • Un geste éthique : Choisir d’adopter plutôt que d’acheter, c’est désengorger les refuges, lutter contre les abandons et la surpopulation, et parfois même empêcher l’euthanasie d’animaux faute de place (près de 8 000 animaux euthanasiés chaque année selon la SPA, France Inter).

Ce qu’on ne vous dit pas toujours : les défis potentiels de l’adoption en refuge

L’adoption réussie, ce n’est pas un conte de fées pour autant. Il existe des défis, parfois méconnus, qu’il vaut mieux anticiper pour que le projet se déroule sereinement :

  • L’incertitude sur le passé du chien : Aucun refuge, même le plus sérieux, ne connaît toujours l'intégralité de l’histoire du chien. Certains traumatismes ou blocages peuvent apparaître une fois en famille. Par exemple, la peur des hommes, la solitude, ou encore des phobies spécifiques (bruits, manipulations) se manifestent parfois lorsqu’un chien quitte le stress du refuge.
  • La patience et la disponibilité nécessaires : Les premiers jours, voire premières semaines, peuvent mettre à l'épreuve votre patience. L’adaptation demande du temps, parfois un apprentissage (retour à la propreté, découvertes de l’environnement, socialisation progressive). Selon l’Observatoire de la Protection Animale, une période d’adaptation moyenne de 3 semaines à 3 mois est souvent nécessaire (SPA).
  • Le risque de “retour au refuge” : Hélas, près de 10% des chiens adoptés sont abandonnés de nouveau dans l’année suivant leur adoption, souvent faute d’accompagnement ou de choix réfléchi (Fondation Brigitte Bardot).

Cependant, avec de la préparation et un accompagnement sérieux, la vaste majorité des adoptions devient une belle réussite.

Comment bien se préparer avant de se lancer ?

Adopter en refuge, c’est avant tout un engagement à long terme (10 à 15 ans en moyenne pour un chien). Pour mettre toutes les chances de votre côté, voici quelques étapes essentielles à respecter :

  1. Faire le bilan de votre mode de vie : Combien d’heures sera-t-il seul chaque jour ? Quels temps de balade pouvez-vous garantir ? Un chien supporte mal l’ennui ou l’isolement prolongé (maximum 6h seul selon la SPA).
  2. Définir vos attentes et vos limites : Sportif ou pantouflard, famille nombreuse ou célibataire, jardin ou appartement ? Certains chiens supportent mal la solitude, d’autres ont des besoins sportifs spécifiques (cf. chiens de berger, huskies...).
  3. Anticiper le budget à long terme : En dehors du coût d’adoption, prévoyez 800 à 1000 € annuels en moyenne (nourriture, santé, accessoires, assurances), plus des imprévus ou soins vétérinaires non couverts.
  4. Rencontrer plusieurs chiens avant de choisir : L’attachement ne se décrète pas sur photo. Profitez des conseils de l’équipe du refuge, qui connaît chaque pensionnaire, leur tempérament, leurs affinités (enfants, congénères, chats…).
  5. S’informer sur l’accompagnement post-adoption : Certaines structures proposent des séances d’essai, un suivi comportemental ou des contacts avec un éducateur référent. Ne négligez pas ces ressources précieuses.

Idées reçues et réalités sur les chiens de refuge

Adopter un chien “abandonné” ne veut pas dire adopter un chien “à problème”. Voici quelques préjugés démontés par l’expérience quotidienne des professionnels :

Préjugé Réalité
Les chiens de refuge sont agressifs ou imprévisibles La plupart sont victimes de situations indépendantes de leur volonté. Beaucoup n’ont jamais eu de souci comportemental grave et ont subi une séparation douloureuse.
On ne sait jamais d’où ils viennent, c’est risqué Les refuges sérieux effectuent un bilan de santé, évaluent le tempérament, et informent sur d’éventuels traumatismes ou besoins spécifiques.
Ils sont âgés, les jeunes chiens n’existent pas en refuge Chaque année, des portées entières sont abandonnées, des chiots ou jeunes adultes attendent une famille (environ 18% des chiens en refuge sont âgés de moins de 2 ans selon la SPA)
Adopter un chien de refuge, c’est forcément compliqué Le taux de succès de l’adoption, avec un bon accompagnement, est comparable à celui des adoptions traditionnelles. La majorité des familles témoignent d’un attachement profond et durable.

SPA, refuge indépendant ou association : quelles différences pour l’adoptant ?

Il existe en France différents types de structures qui accueillent et proposent des chiens à l’adoption :

  • La SPA (Société Protectrice des Animaux) : Plus de 60 refuges, un réseau étendu, des moyens, protocoles standardisés et un accompagnement reconnu.
  • Les refuges indépendants : Souvent créés localement par des bénévoles passionnés, avec des ressources moindres, mais un suivi parfois très personnalisé et une vraie connaissance de chaque chien.
  • Les associations de protection animale : Elles fonctionnent parfois uniquement avec des familles d’accueil — idéal pour avoir plus d’informations concrètes sur la vie quotidienne du chien en maison.

Quel que soit votre choix, vérifiez toujours :

  • La clarté et la transparence sur la provenance des animaux
  • La qualité du suivi sanitaire et comportemental
  • L’existence d’un contrat et d’un engagement de suivi (post-adoption ou conseils possibles en cas de problème)

Quelques histoires qui font réfléchir

Émilie, éducatrice canine, se souvient de Rox, un croisé berger de 8 ans, adopté après 15 mois de refuge. Dès la première semaine, il a détruit la porte d’entrée et s’est montré anxieux. Après deux mois de patience, de conseils adaptés et de balades régulières, Rox a repris confiance et s’est révélé un compagnon loyal. D’après une enquête de la SPA menée en 2022, plus de 82% des adoptants se déclarent “très satisfaits” de leur adoption six mois après, y compris ceux ayant rencontré des difficultés d’adaptation.

Le défi n’est donc pas d’éviter la difficulté, mais d’être prêt à la traverser avec de bonnes ressources.

Et si l’adoption n’était pas la seule manière d’aider ?

Vous hésitez encore ? D’autres alternatives permettent d’apporter votre pierre à l’édifice, même sans adopter :

  • Le bénévolat en refuge : pour balader les chiens, participer à leur socialisation ou améliorer leur bien-être quotidien
  • Être famille d’accueil : accueillir temporairement un animal pour le sociabiliser et lui éviter le “box”
  • Soutenir financièrement ou matériellement : dons, achats de croquettes, couvertures…
  • Sensibiliser autour de vous : le meilleur moyen de réduire les abandons reste encore la prévention

Chacun peut (vraiment) changer le destin d’un chien

Choisir d’adopter un chien en refuge ou à la SPA, c’est s’engager sur un chemin unique, jalonné d’imprévus mais aussi de joies souvent inespérées. Les défis existent — mais avec un peu de préparation et un accompagnement sérieux, ils deviennent des étapes vers une relation forte et harmonieuse.

Au-delà du geste pour le chien, l’adoption en refuge a un impact concret sur la société : chaque adoption libère une place et donne de l’espoir à un autre animal. Les chiens de refuge ne cherchent pas à être “sauvés”, seulement aimés et compris. Si l’aventure vous tente, ne foncez pas tête baissée : renseignez-vous, questionnez, rencontrez les professionnels. Car une adoption réfléchie sera toujours la plus belle des histoires — pour vous comme pour lui.

En savoir plus à ce sujet :