Le coup de cœur pour un chien à sauver, l’envie d’offrir une seconde chance à un animal qui a déjà vécu : adopter un adulte est un geste généreux qui séduit de plus en plus. En 2022, plus de 44 000 chiens ont été adoptés dans des refuges SPA en France (SPA). Parmi eux, une majorité sont âgés de plus de 2 ans. Pourtant, derrière cette belle intention, se cachent des défis parfois insoupçonnés. Certains futurs adoptants, dans leur élan, omettent de se pencher sur les inconvénients spécifiques liés à l’accueil d’un chien adulte. Il ne s’agit pas ici de décourager quiconque, mais d’informer pour mieux anticiper, éviter les déconvenues et construire, dès le début, une relation solide et épanouie.
C’est la grande inconnue : un chien adulte, sauf exceptions (lorsqu’il s’agit d’une réadoption suite à un changement familial, par exemple), porte en lui un vécu dont on ne sait pas toujours tout. Ce passé influence souvent profondément son comportement.
La clé : prévoir une période d’observation sans attente irréaliste. L’idéal est de privilégier une rencontre préalable, autant de fois que possible, avant l’adoption, en variant les lieux et les situations.
Un chien adulte doit souvent tout réapprendre : nouveau foyer, odorat inconnu, autres animaux parfois, rythmes de vie différents… Cette transition ne se fait pas en quelques jours, malgré la croyance répandue qu’un chien adulte « comprend tout de suite ». La SPA indique qu’il faut compter, en moyenne, entre 3 semaines et 4 mois pour observer une réelle adaptation comportementale (Agir pour l’Adoption).
Un bon réflexe : installer une routine stable dès l’arrivée, avec des temps calmes, des séquences de promenade régulières et un coin-repas bien défini.
On imagine souvent qu’éduquer un adulte est mission impossible ou, au contraire, qu’« un vieux chien n’a rien à apprendre ». La vérité est nuancée.
La patience, l’absence de punition, et l’usage du renforcement positif sont encore plus essentiels que pour l’éducation d’un chiot. L’accompagnement individuel d’un éducateur, ponctuel ou sur plusieurs semaines, constitue souvent un vrai plus.
Un adulte n’a pas le « capital santé » d’un chiot sorti d’un élevage rigoureux : certains troubles sont parfois déjà installés à l’adoption, ou les premiers symptômes apparaissent peu après.
Le coût vétérinaire peut s’avérer rapidement supérieur à l’adoption d’un chiot. Selon SantéVet, le panier annuel moyen pour un chien adulte adopté en refuge atteint 710€/an, hors imprévus.
Si l’arrivée d’un chiot permet de façonner progressivement sa socialisation, celle d’un adulte suppose bien plus d’adaptation de la part de la famille. Les points de vigilance les plus fréquents :
N’oublions pas les absences : un chien adulte mal préparé à la solitude (abandon, anxiété de séparation…) peut déclencher des destructions, des vocalises, ou, plus rarement, des malpropretés.
L’attachement ne se décrète pas – il se reconstruit jour après jour. Un point particulièrement vrai chez les chiens adultes ayant subi un ou plusieurs abandons. On sait aujourd’hui, grâce à l’Université de Bristols, qu’un chien adulte met parfois plus de 6 mois à créer un véritable lien d’attachement sécure avec son nouveau foyer, contre quelques semaines pour un chiot élevé dans une famille unique.
Un environnement prévisible, des encouragements sans brusquerie, et, surtout, une acceptation de son propre rythme sont capitaux. Les attentes de retour immédiat d’affection sont souvent déçues au début : mieux vaut voir la progression comme une série de petites victoires partagées.
Adopter un chien adulte n’est ni « plus simple » ni « plus difficile » que d’accueillir un chiot, mais il est crucial d’être lucide sur les besoins et les ressources (temps, patience, capacité à se faire accompagner) dont dispose chaque adoptant potentiel. Les associations conseillent souvent aux primo-adoptants vivant avec de jeunes enfants ou plusieurs animaux de préférer un chien adulte à l’histoire connue ou récemment confié par sa famille d’origine (source : SPA). Les seniors, ou familles très actives peuvent également rencontrer d’excellentes réussites en offrant un foyer à un chien adulte équilibré, tout en gardant en tête l’éventualité de difficultés d’adaptation supérieure.
Adopter un chien adulte, c’est comme ouvrir un livre dont on n’a pas lu les premiers chapitres. Il y a parfois des surprises, de belles révélations, des difficultés réelles… mais aussi la possibilité de réinventer, d’accompagner et d’apporter une sécurité nouvelle à un compagnon qui en a souvent tant besoin. Bien s’informer, préparer son foyer, s’entourer et s’accorder le temps sont les meilleurs atouts pour transformer l’inconnu en aventure partagée.